Nicola Melinelli (Bologne)
Guillaume Clermont vit et travaille à Montréal.
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http://www.guillaumeclermont.org/
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available works / œuvres disponibles
Guillaume Clermont, Sans titre, peinture acrylique sur toile, 30 x 24 cm, 2011
Guillaume Clermont, Sans titre, peinture acrylique sur toile, 30 x 24 cm, 2012
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Guillaume Clermont, Etang de la série des Fontaines, boîte en carton, résine epoxy, silicone et fleur artificielle, eau, 16 x 24 x 29 cm, 2011.
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Des crânes, des chiffons, des boîtes et des tableaux.
Je peins des crânes. En fait, je peins toujours le même crâne, encore et encore. Ce crâne à la mâchoire disloquée, découvert au hasard en feuilletant un livre d’histoire de l’art à Marseille, est l’oeuvre de Jan Gossaert, peintre flamand du XVIième siècle. Ce crâne est depuis le leitmotiv autour duquel s’articule mes recherches plastiques: qu’il soit présent ou absent de mes œuvres, il est toujours l’élément structurant de celles-ci.
Pour moi, le crâne est un double du miroir: que l’on regarde un crâne ou un miroir, on a toujours l’impression de voir à la fois son propre reflet et celui d’un autre. Néanmoins, le crâne ne laisse jamais place au doute: on sait qu’il ne s’agit pas de nous.
Pourquoi peindre des cranes alors? Parce que le crâne est un motif surconnoté, saturé de sens et qu’à notre époque on le retrouve partout. En le démultipliant dans mes oeuvres, j’essaie de lui faire perdre son sens. Le crâne devient alors un prétexte pour peindre. Néanmoins, même si je peins des crânes encore et toujours, la mort ne m’intéresse pas. S’il y a quelque chose qui m’intéresse de la mort, c’est le rapport improbable que nous entretenons avec celle-ci. Pour les mêmes raisons, je ne m’intéresse pas à la vanité, mais aux mécanismes sur lesquels ce genre pictural repose. Lorsque je peins ce crâne, j’essaie de le disloquer encore et encore.
Je cherche donc à fuir le sens. Cette fuite semble restée toujours vaine, une tentative vouée à l’échec. Pourtant, ce n’est pas tant sa réussite qui m’importe que l’idée de tentative en elle-même, peu importe son issue.
Mon travail est en soi une tentative de sauvetage de son propre auto-sabotage. Il est en lui-même une contradiction, une impasse. En fait, on pourrait parler d’un moment improbable.
Au final, une seule question m’intéresse: What remains?
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Des boîtes, il y en a partout. À tous les jours, des boîtes, des boîtes et des boîtes. La plupart du temps, elles contiennent quelque chose. Parfois, elles ont une utilité quelconque, sinon, elles sont là, simplement abandonnées. Contenants devenus vides, elles sont la trace de tout un système social et économique, d’une dynamique quotidienne. Avec Fontaines, ces boîtes deviennent, l’espace d’un moment, les rouages d’une tentative de sauvetage. Cette tentative précaire ne tient presque à rien: quelques boîtes en carton contenant de l’eau et des fleurs. Aussi vaine soit-elle, cette improbable situation met de l’avant un fait indéniable: l’inévitable fragilité des êtres et des choses face au temps.